La justice n’a pas suivi la défense de l’ex-militaire, soupçonné d’avoir tué la petite Maëlys et le caporal Arthur Noyer. Son avocat réclamait notamment l’annulation du témoignage d’un codétenu.
Un codétenu de Nordahl Lelandais a affirmé devant les enquêteurs que celui-ci lui avait avoué le viol de la petite Maëlys, morte en 2017. DR
C’est un échec pour la défense de Nordahl Lelandais. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble (Isère) a rejeté ce jeudi 31 octobre les demandes de Me Alain Jakubowicz, avocat de l’ex-militaire, qui réclamait l’annulation du témoignage d’un codétenu, accablant pour son client, mais aussi de l’analyse psychologique de Nordahl Lelandais, défavorable pour l’intéressé.
Un ancien codétenu de Lelandais à la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) avait affirmé devant les juges que l’ancien militaire lui avait avoué le viol de la petite Maëlys, lui précisant également qu’il l’avait tuée parce qu’elle se débattait.
Or Lelandais a toujours nié avoir agressé sexuellement l’enfant, morte en 2017. Il affirme qu’il a emmené Maëlys dans sa voiture pour aller voir ses chiens. Et que c’est par accident qu’il a tué la fillette en lui portant des coups pour la faire taire, alors qu’elle paniquait.
« Nous ne voulons pas d’un procès d’assises au rabais »
La semaine précédant la décision de la cour d’appel, Me Jakubowicz avait estimé devant la chambre de l’instruction que le témoignage du codétenu accablant Lelandais n’était pas fiable, qu’il s’agissait d’un indicateur de la police et que cet homme était susceptible d’être manipulé. Les magistrats de la chambre de l’instruction ont rejeté ces arguments. Le témoignage du codétenu reste donc dans le dossier, à la satisfaction de la partie civile.
« Demander l’annulation d’un tel témoignage, c’est entraver la manifestation de la vérité », avait déclaré Me Fabien Rajon, l’avocat des parents de Maëlys. Ce témoignage important accrédite la thèse d’un viol de l’enfant. Thèse qui a toujours été celle de ses parents. Et comme il ne faut pas compter sur Nordahl Lelandais pour avancer vers la manifestation de la vérité, il n’y a pas lieu de remettre en cause ce témoignage ». « Nordahl Lelandais a pris toutes les précautions pour effacer scrupuleusement tous les éléments susceptibles de le confondre, martèle Me Rajon. Le chemin de la vérité a été long par la faute de Nordahl Lelandais ».
L’avocat a également demandé aux juges une requalification des faits, estimant que le viol et l’assassinat devaient être retenus (Lelandais a été mis en examen pour « meurtre » ce qui n’implique pas la préméditation). « Nous ne voulons pas d’un procès d’assises au rabais qui ne corresponde pas à la réalité des sévices subis par la petite Maëlys », insiste Fabien Rajon.
« Un manipulateur narcissique »
Concernant l’expertise psychologique de Lelandais, la chambre de l’instruction a seulement demandé que quelques termes du rapport soient supprimés.
Cette expertise présente l’ex-militaire comme « un manipulateur narcissique en position de toute puissance, qui ne pouvait que passer à l’acte, détruire l’autre, avec une insensibilité morale et une imperméabilité au sentiment de culpabilité, car la notion même de faute lui paraît incompréhensible ». Contacté, Me Jakubowicz n’a pas répondu à nos sollicitations.